La France et Haïti : l’héritage empoisonné des 30 milliards
En 1825, au lendemain de la première révolte d’esclaves victorieuse de l’Histoire, la France inflige un chantage à Haïti : payer 150 millions de francs-or – l’équivalent de 30 milliards d’euros aujourd’hui – pour acheter sa liberté. Pendant 122 ans, l’île saignée rembourse cette « dette d’indépendance », un tribut monstrueux qui la condamne à la pauvreté. Deux siècles plus tard, Thomas Piketty, économiste star, brise le silence : « La France doit rembourser. Maintenant. »
Le calcul est implacable. Ces 30 milliards, siphonnés par Paris au nom des esclavagistes spoliés, ont privé Haïti d’écoles, d’hôpitaux, de routes. Aujourd’hui, le pays croule sous les crises, classé parmi les plus pauvres au monde. Piketty balaie les réticences : « 0,2 % des fortunes françaises suffiraient. L’argent existe, la volonté manque. » Il propose un fonds transparent, piloté par Haïtiens et internationaux, pour reconstruire l’éducation et la santé.
Mais Paris se mure dans le déni. Pourtant, la pression monte : les Caraïbes, l’Afrique, l’ONU relaient la demande. Un rapport de 2023, porté par un ancien juge international, détaille les réparations possibles. La France pourrait-elle enfin affronter son passé ? Ou préférera-t-elle rester la « puissance coloniale qui factura la liberté », comme le martèlent les activistes haïtiens ?
L’enjeu dépasse l’argent. Il s’agit de dire si un crime historique peut être effacé par l’oubli – ou réparé par la justice. Pour Piketty, le choix est clair : « La dette n’est pas un chèque. C’est une question d’humanité. » Et le temps presse.

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