Port-au-Prince, 7 juillet 2025 — Quatre ans jour pour jour après l’assassinat du président Jovenel Moïse, une messe de requiem a été célébrée ce lundi au Champs de Mars, à l’initiative du Secrétariat général de la Présidence. L’événement a réuni membres du gouvernement, représentants d’institutions étatiques et figures du Conseil présidentiel de transition (CPT), tous conviés à 8h30 du matin pour rendre hommage à l’ancien chef de l’État.

Mais derrière les hommages officiels, le climat reste lourd, empreint de suspicion, de colère, et surtout de questions sans réponses.

Une cérémonie dans un vide institutionnel

Le Palais national, déserté depuis des mois par le CPT malgré les promesses d’y siéger, servait de toile de fond à cette cérémonie symbolique. Le Champs de Mars, vidée de ses foules, accueillait en silence une élite politique venue en tenue de ville sombre et cravate noire, dans un cadre strict et protocolaire. Une interrogation subsiste : la cérémonie a-t-elle été négociée ? À quel prix le pouvoir actuel tente-t-il de pacifier une mémoire encore vive ?

Une vérité qui échappe encore

Quatre ans plus tard, les zones d’ombre persistent. Et les mêmes questions hantent encore l’opinion publique :

Où étaient les services de renseignement cette nuit-là ?

Pourquoi la Police nationale d’Haïti (PNH) n’a-t-elle offert aucune résistance ?

Comment un commando armé a-t-il pu atteindre la chambre du président sans entrave ?

Où étaient les amis de Jovenel Moïse ? Les proches de Martine Moïse ?

Pourquoi personne n’a tenté de sauver le président ?

À cela s’ajoute une autre indignation : qui a osé profaner le corps de l’ancien chef de l’État ? Une question douloureuse qui illustre l'effondrement de l'autorité publique, même après la mort.

Une justice piétinée

Le dossier judiciaire, tant au niveau national qu’international, avance à pas lents. Malgré l’arrestation de plusieurs suspects et l’implication du système judiciaire américain, aucune lumière définitive n’a été faite sur les commanditaires réels de l’attentat. Et en Haïti, la justice peine à poursuivre les pistes les plus évidentes.