Port-au-Prince, 5 juin 2025 — Une vive controverse secoue actuellement les rangs de l’armée haïtienne. Selon plusieurs sources concordantes, un grand nombre de ministres, de directeurs généraux et de personnalités influentes du pouvoir utiliseraient les soldats de l’armée d’Haïti comme des agents de sécurité privés.

Certains ministres compteraient jusqu’à cinq soldats pour leur sécurité personnelle. Des directeurs généraux seraient eux aussi escortés quotidiennement par des militaires, pendant que d’anciens hauts responsables aujourd’hui dans le secteur privé emploieraient des soldats pour surveiller leurs entreprises. Cette dérive soulève de sérieuses interrogations sur la mission réelle de l’armée nationale.

Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’un grave détournement de la fonction première des forces armées haïtiennes. L’armée est censée contribuer à la défense du territoire, participer à des opérations de secours en cas de catastrophe et soutenir les efforts de stabilisation du pays — et non servir d’escorte à des personnalités politiques ou économiques.

La Constitution haïtienne et les lois en vigueur ne confèrent pas à l’armée une mission de protection individuelle des autorités, sauf dans des cas précis, encadrés et officiels. Ce glissement soulève donc des inquiétudes sur la manière dont le ministère de la Défense encadre et oriente l’utilisation des ressources militaires.

Pendant ce temps, de nombreuses zones du pays en proie à l’insécurité manquent cruellement de présence sécuritaire. Une situation paradoxale qui alimente un sentiment d’injustice et de frustration chez la population.

Face à cette situation, plusieurs voix réclament un audit urgent sur l’utilisation des effectifs militaires et un retour strict aux attributions constitutionnelles de l’armée. Car la question reste entière : l’armée haïtienne est-elle encore au service de la nation, ou est-elle devenue un corps d’attaches personnelles?